01 janvier, 2015

Vœux pour 2015

Chers lecteurs,

Il y a un an, mes « vœux pour la France » saluaient une femme que je ne connaissais pas. Le hasard de la vie et des amitiés nous avait conduits à assister à son enterrement. Elle venait de mourir, jeune, laissant son mari et huit enfants, et une œuvre qui perdure : une école hors contrat où les intelligences sont formées et aussi les âmes, dans l’amour de Dieu. L’enterrement, le sacrifice, le Golgotha : mystère de la souffrance féconde et de la fidélité en tout. Pour quoi ? Pour que France, pour que chrétienté ressuscitent.
A la veille de 2015, par une journée de froid et de gel et un beau soleil d’hiver, nous avons assisté à un mariage. Les enfants chrétiens de deux familles chrétiennes s’unissaient devant Dieu après avoir reçu dès leur enfance l’enseignement et l’exemple du mariage vrai. Ils font partie de cette petite minorité de Français qui pratiquent toujours, pour qui l’engagement fidèle va de soi : ceux qu’on a vus, joyeux et frais, pauvres ou riches, issus souvent de familles nombreuses qui aujourd’hui sont les authentiques non-conformistes, défendre des évidences sur la famille et sur la vie dans les rues de nos villes.
Chaque cérémonie à sa manière, l’enterrement comme le mariage, renvoient vers une même réalité : cet accroissement du peuple des élus, dans la patrie céleste, qui est le vœu permanent de Dieu pour l’humanité.
Prenons en cette année 2015 l’exacte mesure des combats qui sont les nôtres. Des combats politiques, pour la souveraineté, pour les droits des Français (et des catholiques) en France : tout cela est nécessaire.
Mais sachons aussi, c’est ce que je souhaite et vous souhaite, qu’il n’y a pas mille façons de sortir de la crise spirituelle, intellectuelle et morale où nous sommes plongés, cause de toutes les autres crises. Si nous ne recherchons pas d’abord le royaume de Dieu, nous pouvons en être sûrs : le reste ne nous sera pas donné par surcroît. Ou alors, tout au plus, une paix et une prospérité matérielles trompeuses qui, par les temps que nous vivons, ne seraient que tranquillité du désordre.
Car les désordres sont nombreux.
Ceux qui s’en lamentent, ceux qui les combattent, ceux qui prient et qui agissent pour qu’ils cessent sont volontiers rejetés comme ne s’intéressant qu’aux problèmes « sociétaux », éloignés des « préoccupations du peuple ». Mais ce sont ces désordres qui sont à la racine des préoccupations du peuple. L’avortement et le refus de la vie apportent leur propre rançon : ils ont fait une nation faible, ouverte à tous vents, risquant son identité et ses droits, économiquement menacée, croulant sous les dettes, et par ce biais elle est aux mains de ceux qui les possèdent.
On peut déplorer la situation et même espérer en venir à bout par les urnes ou des choix politiques, encore qu’aucun pays n’ait réussi à ce jour de se soustraire à l’emprise de ce pouvoir dont l’objectif est de détruire aussi bien l’homme que ses communautés naturelles, et qui peut mettre n’importe quelle nation à genoux.
Mais plus encore il faut, comme le disait Benoît XVI, des « minorités créatives ». La même sorte de minorité a sauvé la civilisation malgré la chute de l’Empire romain s’enfonçant dans une même décadence haineuse de la vie que celle de notre époque. La même qui, entourée par le culte de la mort des Aztèques, a vécu le miracle des conversions indigènes en étant ce qu’elle devait être. La même que celle d’une Jeanne d’Arc et de quelques capitaines qui ont œuvré autant qu’il le fallait sur le plan humain, mais qui n’ont pas oublié l'essentiel : « Dieu premier servi. »
Nous vivons des temps de refus radical de Dieu – et c’est pourquoi, me semble-t-il, le « politique d’abord » ne suffit plus, en tout cas celui de la politique politicienne du jeu démocratique où le refus de Dieu et de sa Loi est un préalable, un « ticket d’entrée ».
C’est en gardant ou en restaurant Dieu dans nos familles, dans nos écoles, dans nos modes de vie, dans nos fidélités, dans notre culture – et cela peut se faire, justement, à l’échelle de la personne et de la famille – que nous pourrons changer les choses de l’intérieur. Si la famille est la cellule fondamentale de la société, eh bien, les mariages vrais – et leur manière irremplaçable d’enraciner les nouvelles générations dans nos patries d’ici-bas – peuvent la reconstruire pas à pas.
Dieu sait pourtant combien elle est abîmée. Nous vivons dans des lieux et des temps où sur la pente descendante de la culture de mort, ce sont les fondements et les « fondamentaux » qui sont en train de céder. Et c’est bien pour cela qu’il ne sert pas à grand-chose d’œuvrer pour tel ou tel légitime bien temporel s’il n’y a pas en même temps, et même d’abord au point ou nous en sommes, une réaffirmation, une défense, une remise en place des vérités et des lois les plus basiques : le respect de la vie humaine, le respect des lois qui gouvernent la constitution et la vie des familles, la défense des droits prioritaires des parents sur l’éducation des enfants. A quoi s’ajoute le devoir et donc le droit d’honorer Dieu par son choix de vie et par sa manière de vivre. Cela étant sauf – et c’est à chacun de le mettre, autant que possible, en œuvre dans sa vie – nous pouvons espérer de commencer à guérir notre « dissociété ».
D’autres diront : « politique d’abord ». Ce fut la leçon de Jeanne d’Arc, qui commença par faire sacrer le roi légitime… Mais ce fut une réponse aux prières des Français, n’en doutons pas. Et elle vivait en chrétienté. Même l'ennemi qu'elle combattait légitimement vivait en chrétienté. Aujourd’hui la chrétienté est bannie de l'espace public. Et la légitimité se cache, elle est oubliée ou niée : le seul accord partagé est celui qui consiste à rejeter l’essentiel.
Oui, la France, comme bien d’autres nations jadis chrétiennes et soucieuses de justice, est à genoux…
Mon souhait pour 2015 est que nous en prenions acte, où que nous vivions. Car nous sachant mis à genoux, nous pouvons décider de l’être, véritablement, parce que c’est à genoux que l’on prie, parce que Dieu est le vrai maître de notre histoire. Aussi l’an de grâce 2015 sera-t-il une année enracinée dans l’espérance : celle qui nous est permise, celle qui est même notre devoir quand tout semble perdu.

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