29 octobre, 2014

Argentine : avortement sur une fillette de 11 ans – mais l'objection de conscience a été sauvegardée

Une jeune fille de 11 ans a subi dimanche un avortement dans l'hôpital Lucio Molas de la ville argentine de Santa Rosa, La Pampa,  après que l’ensemble des médecins de l’hôpital public Centeno de General Pico, dans la même province, eurent invoqué leur droit à l’objection de conscience par rapport à l’intervention.
La fillette avait été violée par le concubin de sa grand-mère, un jeune homme de 30 ans qui est aujourd’hui en détention préventive. C’est lors de la dénonciation du viol que l’examen de la petite victime allait montrer qu’elle était enceinte. Aujourd’hui elle a subi une violence de plus : l’avortement de cet enfant innocent qui n’était pour rien dans les abominables agressions dont elle a fait l’objet.
C'est une histoire terrible que celle de cette petite fille, enlevée à sa mère mineure, qui ne s'en occupait pas, par les autorités. Elle avait été placée dans une famille d'accueil où elle était restée cinq ans, avant que sa grand-mère ne vienne la réclamer. Etant donné que les autorités privilégient dès lors que c'est possible les liens du sang, le transfert avait été fait vers ce nouveau foyer auprès de la grand-mère, 45 ans, et de son « ami » plus jeune de 15 ans. Au bout de quelques mois la grand-mère avait « rendu » la fillette aux services sociaux en expliquant qu'elle ne pouvait plus s'en occuper : c'est là que la petite jeune fille s'était effondrée, racontant les abus dont elle avait été l'objet depuis qu'elle avait été accueillie par cette femme.
Une décision de la Cour suprême argentine contraint les autorités provinciales de fixer les conditions dans lesquelles les femmes ont « droit » à un avortement dépénalisé, parmi lesquelles les viols sur mineures. Dans la province de La Pampa les directives sont en place depuis 2012 mais elles prévoient explicitement le droit à l’objection de conscience.
A General Pico, ce sont tous les médecins de l’hôpital qui s’en sont prévalus, refusant de pratiquer l’intervention décidée par les autorités administratives et ce malgré l’invocation d’un « risque pour la santé » de la fillette. Risque qui, selon les médias, allait rapidement être présenté comme un « risque pour sa vie », sans autre précision.
Malgré une levée de boucliers de la part d’organisations féministes déclarant qu’il fallait prendre des mesures contre ces médecins parce qu’ils sont employés de l’Etat, ils n’ont pas été contraints à aller contre leur conscience ; en revanche, conformément aux directives de 2012, la fillette a été transférée vers un hôpital distant de quelque 140 km à Santa Rosa puisque les pouvoirs publics sont censés « garantir » l’accès à l’avortement dépénalisé chaque fois que celui-ci se justifie et que des médecins se refusent à le pratiquer.
On notera que le ministre de la santé de la province de La Pampa, Mario Gonzalez, a défendu le droit des médecins de ne pas être contraints à pratiquer l’avortement même dans ces cas limites où la jeunesse et la vulnérabilité de la victime viennent au secours des pro-avortement. « Eux aussi sont protégés par la loi », a déclaré le ministre en parlant du « droit » à l’objection de conscience, soulignant que dans de tels cas les femmes peuvent être transférées vers des établissements privés ou même vers une autre province en « dernière instance ».
Le député socialiste argentin Luis Solanas avait demandé que tous les médecins objecteurs qui se sont refusés à « soigner » la fillette soient sanctionnés et suspendus.
« C’est une sottise, ce que demande le député – vous imaginez-vous en train de révoquer tous les médecins d’un hôpital ? », a déclaré Gonzalez.
Leçon : lorsque beaucoup de personnes ont le courage d’invoquer leur conscience, leur force est démultipliée.

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